Travailler en l’air
Natacha VELLUT
Melle H. lors de son entrée à l’Epoc
Je reçois pour la première fois Melle H., alors âgée de 42 ans, à l’automne 2014, au sein de l’EPOC. L’ÉPOC, L’espace psychanalytique d’orientation et de consultations, a pour objet statutaire l’accueil et le suivi personnalisé de toute personne en difficulté, en souffrance psychique et sociale, en rupture de lien social, en désinsertion, au moyen de la psychanalyse appliquée à la thérapeutique. C’est un dispositif innovant, basé sur quelques principes simples mais pas si simples à mettre en œuvre puisque ce dispositif s’adapte à la personne, et non le contraire. Il s’agit donc d’un dispositif réactif. Les rendez-vous sont donnés dans la semaine qui suit les demandes. Les personnes peuvent aussi être reçues sans rendez-vous. L’idée est de précipiter et faciliter la rencontre pour la rendre possible, d’accueillir sans poser de question préalable, de dé-stigmatiser l’abord du « psy », dans une logique de proximité qui implique des praticiens présents et disponibles dans l’espace de la cité (locaux de plein pied dans la ville) et dans le temps (ouverture toute l’année et sans limite de durée de suivi). Il s’agit de pouvoir entendre la plainte et le malaise de personnes socialement très isolées, qui vivent la précarité des liens.
Mademoiselle H. est venue, pour sa part, sur les conseils de la psychologue d’une Permanence Sociale d’Accueil (PSA), service public spécialisé dans l’accès à ses droits pour des personnes sans hébergement stable. C’est une jeune femme élancée, qui prend soin de son apparence. Elle a de l’allure mais des idées bien noires et songe à « en finir ». Elle pense plus précisément à se jeter par la fenêtre. Elle estime avoir raté sa vie et n’être qu’une « moins que rien », « une pauvre fille ». Plus tard elle envisagera de donner son corps à la science après son suicide : « au moins ça servira à quelque chose ». J’apprendrai que sa mère a eu un fils avant elle, un fils décédé de déshydratation alors qu’il était âgé de quelques mois. Sa mère était dépressive et disait à ses enfants « si vous m’embêtez, je vous oublierai comme je l’ai oublié, lui [le fils décédé]. » La mort de ce frère précède d’un an la naissance de Melle H. qui pense que son père a fait « un transfert » sur elle de cet enfant mort. Le signifiant « mort » pèse d’un poids réel sur Melle H. Ce poids réel ne permet pas au symbolique d’opérer. Qu’elle dise, en séance, ce lien entre passé et présent, qu’elle énonce ce savoir qu’elle vient à la place d’un enfant mort, ne modifie en rien sa position subjective. Cela n’a pas d’effet. Elle est cet enfant délaissé. Le dire ne provoque aucune séparation de ce vécu. En ce sens, le « noyau » de ses énoncés noirs et répétitifs est « inaccessible, inerte, stagnant par rapport à toute dialectique. »[1] Son savoir est fermé, sourd à tout dialogue.
Travailler en l’air
Ce n’est d’ailleurs pas pour questionner ce savoir qu’elle vient à l’Epoc mais parce qu’elle a perdu son travail qu’elle dit avoir adoré. Elle était hôtesse de l’air et il a été mis fin à son contrat pour des raisons économiques après 9 années d’activité. Elle appréciait particulièrement « d’être en l’air », ce qui n’a nulle signification métaphorique, ce qui indique pour elle ne pas avoir les mêmes horaires que tout le monde, changer d’équipe, « travailler en équipe mais jamais avec les mêmes », où les autres, collègues comme clients-voyageurs, sont interchangeables, des petits autres qui ne prennent pas une consistance trop menaçante. Elle aimait voyager, « se déplacer », c’était une façon d’organiser son errance, d’être dans l’itinérance plutôt que dans l’errance. Ce travail d’hôtesse de l’air lui donnait une activité et un rythme socialement acceptables et même valorisés. L’activité prescrite était répétitive. Elle organisait précisément le lien aux autres dans un panel de services formellement définis. Ce qui pourrait être étrange, le lien problématique aux autres, devenait familier, se transformait en une routine maîtrisée. C’était une manière pour Melle H. de s’inscrire en suspension, ni là ni ailleurs, de se donner un ancrage sans attaches, de loger sa vie dans une valise et son être dans un uniforme, d’avoir un costume qui lui fournissait une d’identité sociale. Dans les airs, plus de bosses ni de paysages accidentés, tout était nivelé, tout s’aplanissait dans un même niveau. Finalement elle appréciait que ce travail lui permette d’être toujours ailleurs tout en donnant une place à son étrangeté au monde et à la vie. Ce travail d’hôtesse de l’air lui permettait d’aménager un lien social qui tienne dans la durée sans qu’elle se sente persécutée.
Rien à voir avec ses tentatives actuelles de retrouver une place sociale. Melle H. fera en effet plusieurs tentatives de réinsertion sociale durant notre suivi. L’une des plus abouties sera une formation en décoration d’intérieur. L’expérience virera au cauchemar du fait de relations conflictuelles avec ses collègues stagiaires, toutes des femmes plus jeunes qu’elle. Elle se sentira regardée, jugée, rejetée. « Pourquoi on m’évite comme cela ? » se questionne-t-elle. J’essaye de faire entendre l’imaginaire qui gouverne les relations lors de cette formation professionnelle. Je constate à postériori qu’un de mes choix dans le maniement de ce transfert a été de ne jamais éviter Melle H. Bien au contraire, je lui donne assez vite mon numéro de téléphone mobile. Je lui propose toujours un nouveau rendez-vous sans condition du moment qu’elle le demande. Quant à cette formation en décoration, elle sera convoquée par le directeur du centre de formation pour « agressivité », ce qu’elle ne comprend pas. Elle ne situe jamais l’agressivité de son côté. Elle se révolte, elle est révoltée du sort qui lui est fait. Elle est persuadée qu’elle n’en veut jamais à l’autre : « jamais, je m’en veux toujours à moi, jamais aux autres. » A la fin de cette formation, elle demeure convaincue qu’ « on se fout de sa gueule. » Elle ne validera pas le diplôme de décoratrice malgré une très bonne note en travaux pratiques.
Perdre son travail, rompre le lien et briser l’image
En perdant son travail d’hôtesse de l’air, Melle H. a perdu son logement faute de pouvoir payer le loyer et est retournée vivre chez ses parents. Elle est surendettée (un des premiers effets du suivi à l’Epoc sera qu’elle déposera un dossier de surendettement à la Banque de France). Elle n’a pas d’enfant. Sa dernière histoire amoureuse est – comme les précédentes – plutôt un désastre : il lui demande une photo « hot », elle photographie des bouts de son corps, lui envoie, et n’a plus de nouvelles. Elle a pris l’habitude de photographier des bouts de son corps et de les comparer au fil du temps qui passe. Elle en conclue qu’elle est « horrible ». Tous ces éléments mis en série, perte de son travail, perte de son logement, impossibilité du lien amoureux, dégradation de son image corporelle, confirment qu’elle est bien cette « pauvre fille », délaissée, rejetée par l’Autre, mais aussi à l’abri de l’Autre : pourquoi s’intéresserait-on à elle ? Les entretiens avec elle seront toujours des moments de plainte hargneuse : « on l’emmerde et elle a une vie de merde ».
Il existe une nette discordance entre l’image qu’elle présente, jolie et bien habillée, et l’idée qu’elle a d’elle-même. Elle s’est fait refaire les seins il y a quelques années car elle n’en « avait pas ». Pourtant adolescente, elle déteste sa poitrine qui pousse et qui provoque « le regard des hommes ». Elle frappait et se bandait les seins pour éviter qu’ils ne poussent. Si elle se plaint de son corps, elle insiste au contraire sur la bonne image que je suis pour elle. Elle me complimente sur mes cheveux, mes vêtements. Les deux images : elle dépréciée et moi idéalisée, font couple. « Ma copine dit que je suis amoureuse de ma psy car je vous trouve belle et bien habillée. » Elle apprécie mon apparence physique mais redoute mes énonciations, mes paroles, qu’elle ressent comme relevant d’un Autre pas assez complaisant à son goût. Elle me donne une place précise dans le transfert à laquelle je ne peux déroger. C’est elle qui dicte le style du travail transférentiel.
Un lien familial pathologique
Melle H. fait partie d’une fratrie de 4 enfants vivants. Elle a un frère plus jeune d’un an, diagnostiqué schizophrène, frère qu’elle épingle alternativement des signifiants « gentil », « le pauvre » ou « menaçant », « intrusif », « insultant ». Melle H. est trop fixée à ce petit semblable un peu trop consistant. Ils étaient très proches enfants, mais maintenant il la « torture ». Il lui dit « meurs comme un rat sans amour. » Il l’a toujours « collée ». Il la « poursuit ». C’est « exclusif », « ça a toujours été comme ça » selon leurs proches. « ça passe de l’amour aux insultes ». « Il a trop besoin de moi, c’est abusé. » Quand il lui casse son vélo, lui vole ses cigarettes, j’interviens : « il n’y a pas de frontière entre lui et vous, il pense que vos objets sont les siens ». Je lui recommande de se protéger en créant une distance réelle, c’est-à-dire en évitant de le rencontrer. Cela fait partie des rares interventions que Melle H. accepte, sans me rabrouer.
Melle H. après deux ans de suivi
Le bénéfice thérapeutique de ce suivi de deux ans à l’Epoc sera la (relative) distance qu’elle posera entre son frère schizophrène et elle-même. Elle se rapproche de sa sœur ainée à qui elle rend de menus services comme aller la chercher à l’aéroport, et celle-ci lui propose désormais régulièrement des missions d’accueil dans différents musées où elle a ses entrées professionnelles. Melle H. y travaille comme hôtesse. On saisit ici le poids de ces signifiants-maîtres réels qui organisent sa vie. Melle H. pourra alors relier l’amour de son métier d’hôtesse de l’air à des souvenirs d’enfance, à un oncle pilote qui la faisait voyager en cabine. Elle reconnaîtra que « l’avion c’est en moi depuis longtemps ». Hôtesse de l’air c’était donc une identité, une activité, un autre regard sur elle-même, mais aussi un embryon d’histoire, un récit qui organisait des moments décisifs de son existence, et mettait en valeur des scènes où elle avait une place privilégiée : dans la cabine de l’avion, avec son oncle, cet homme admiré de la famille car il s’était socialement et professionnellement élevé (et élevé dans les airs !).
Si elle déprécie son nouveau métier d’hôtesse, sur terre, avec d’autres « accidentés » de la vie comme elle définit ses collègues, elle se satisfait de repérer qu’elle travaille dans des musées, avec des « artistes », ce qui comble sa pente un peu mégalomaniaque. La « haine » et la « rage » persistent cependant et dans sa tête ça reste « très dur ». Nous avons cependant réussi à définir la position qu’elle recherche : être seule ou seulement avec des gens « gentils » qui ne font « aucun reproche », ce qui ressemble à sa position dans le travail, une activité de service, dans un cadre préalablement défini qui exige la politesse de tous.
Avec le temps, Melle H. espace ses rendez-vous, laisse un message parfois, tout en conservant un lien à l’Epoc pendant encore une année. Quand elle vient, c’est la crise, « on lui en veut », « on se permet de la mépriser, de la maltraiter », etc. Elle ne comprend pas puisqu’elle n’est qu’« une pauvre fille ». J’écoute stoïquement, tentant parfois d’intervenir quand elle m’en laisse l’occasion. Puis, elle repart « merci Mme Vellut, bonne semaine. »
Du travail de Melle H. au travail avec Melle H.
Si Melle H. s’apaisera et pourra mettre fin au lien transférentiel, elle ne guérira pas. Bien au contraire certaines manifestations symptomatiques (surtout somatiques) s’étaient aggravées avec le temps selon elle. Elle avait ainsi le cœur qui « s’élargissait », l’œsophage « en feu », des difficultés de sommeil, le cerveau qui allait « exploser »… Ses plaintes somatiques s’étaient multipliées et je faisais l’hypothèse que ce vécu douloureux avec son corps renvoyait à une tentative d’unification de son image.
Dans le transfert avec Melle H. la voie était étroite. Pas question avec elle de se présenter comme un Autre consistant, trop aimant, trop présent, ou trop impliqué, voulant la soigner, un Autre qui serait toujours « trop ». Elle supportait très peu d’interventions. D’où une question : comment supporter ce transfert où on peut avoir l’impression qu’il y a peu d’évolutions, peu de gratifications, où les énoncés se répètent sans que le temps n’ait de prise sur eux, où nous étions au bout du compte, elle et moi, confrontées à une certaine inertie dialectique ? La lecture d’un cas de psychose, un jeune homme nommé A.B.[2] par Freud, m’avait réconfortée. Freud évoque dans sa correspondance la « tâche difficile et probablement ingrate »[3]que serait cette prise en charge. Il reçoit, cependant, ce patient en traitement durant cinq années de 1925 à 1930. Ce qui a motivé Freud à accueillir ce patient m’apparaît de deux ordres. D’une part se posait une question diagnostique qui pouvait contribuer aux avancées théoriques de la psychanalyse, d’autre part, ce patient avait touché Freud, il avait provoqué chez lui « sympathie » et même « amitié ». Voilà ce qui constitue un transfert : un amour adressé à un savoir. S’appuyant sur « le désir de l’analyste », Lacan ira plus loin, encourageant les analystes à ne « reculer en aucun cas » devant la psychose.
1 Lacan, Jacques. Le séminaire livre III, les psychoses. Paris, Seuil, 1981, p. 31
2 Le cas est reconstitué (mais reste fragmentaire) à partir d’une demande de diagnostic de Pfister à Bleuler, de la correspondance entre Freud et Pfister et de dossiers hospitaliers, cf. Lynn, D.J. Freud’s Analysis of A.B., a Psychotic Man, 1925-1930. Journal of the American Academy of Psychoanalysis, 1993 ; 21 (1) :63-78.
L’article a été traduit dans la revue Filigrane en 2007.
3 Freud, Sigmund. Lettre à Pfister de 1925.
Références bibliographiques
Pachoud, Bernard, et Marli Nascimento Stieffatre. « Psychopathologie et réinsertion professionnelle. Une clinique pluridimensionnelle requérant des ressources théoriques pluridisciplinaires », Cliniques méditerranéennes, vol. no 72, no. 2, 2005, pp. 147-171. La réinsertion professionnelle des personnes ayant présenté des troubles psychopathologiques fait actuellement l’objet d’une diversité de pratiques d’accompagnement et de soutien, essentiellement développées dans le secteur médico-social. Les problèmes d’articulation entre le monde des soins, le secteur médico-social et le monde du travail, nous conduisent à rapporter l’hétérogénéité de ces mondes au type d’activité qui les fonde et à argumenter que la tâche de soutien à la réinsertion étant radicalement distincte de celle des soins, il paraît préférable de la développer et de la théoriser dans un cadre propre. Nous caractérisons ensuite notre expérience des bilans d’aptitude au travail et d’orientation, et tentons de préciser quelques dimensions pertinentes pour étayer cette appréciation du potentiel d’insertion. Nous indiquons enfin quelques directions de recherche et arrière-plans théoriques pour développer une réflexion théorique spécifique à cette problématique de l’insertion au travail des personnes psychopathologiquement vulnérables.
Debout, Frédérique. « L’insertion professionnelle des patients schizophrènes : changements dans les Esat et conséquences cliniques », L’information psychiatrique, vol. volume 84, no. 9, 2008, pp. 841-845. L’image idéale du travail comme vecteur d’épanouissement est mise à mal depuis une trentaine d’années. Si l’insertion professionnelle des patients de la psychiatrie s’animait du souhait de voir leurs troubles se stabiliser et de déstigmatiser les troubles psychiques dans notre société, la réalité du monde du travail nous amène désormais à questionner cette volonté de voir nos patients intégrer le monde du travail. Issus du mouvement de désaliénisation des hôpitaux psychiatriques et profitant de la naissance de la psychiatrie de secteur, les Esat ont été créés comme des espaces de travail protégés mais ils subissent aujourd’hui des bouleversements en résonance avec ceux du monde du travail. L’évolution des Esat nous amène aujourd’hui à questionner leur fonction de protection des patients atteints de troubles psychiques. À partir de cette double mise en tension, il s’agira de questionner les enjeux inconscients qui peuvent sous-tendre la relation médecin-malade et animant la volonté médicale de voir les patients schizophrènes insérés dans un milieu ordinaire de travail.
Ehrenberg, Alain. La fatigue d’être soi, Paris, Odile Jaco, 1998. Fatigue, inhibition, insomnie, anxiété, indécision : la plupart des difficultés rencontrées dans la vie quotidienne sont aujourd’hui assimilées à de la dépression. Croisant l’histoire de la psychiatrie et celles des modes de vie, Alain Ehrenberg suggère que cette « maladie » est inhérente à une société où la norme n’est plus fondée sur la culpabilité et la discipline, mais sur la responsabilité et l’initiative ; elle est la contrepartie de l’énergie que chacun doit mobiliser pour devenir soi-même. Et si la dépression était surtout le révélateur des mutations de l’individu ?
Jacobi, Benjamin. « Précarité psychique, lien social », Cliniques méditerranéennes, vol. no 72, no. 2, 2005, pp. 89-102. La clinique de la précarité est abordée comme une forme de complaisance entre situation sociale et souffrance psychique. Il est proposé de considérer que le recours au Réel anime une partie de symptômes psychopathologiques. Les significations de ce recours sont esquissées et référées à la détresse primitive (Hilflosigkeit) à des épreuves du registre de la psychose. Des éléments cliniques sont rapportés pour envisager une contribution à une indispensable créativité clinique.
Lacan, Jacques. Le séminaire livre III, les psychoses. Paris, Seuil, 1981. Une lecture essentielle pour la clinique des psychoses. Lacan avance, tout au long de cette année, de novembre 1955 à juillet 1956, sur les traces d’un élément qui manque, et qu’il ne dévoile que dans les dernières séances de l’année. Lacan, psychiatre et psychanalyste, pratique très tôt auprès de patients psychotiques. Il témoigne dans ce Séminaire du « coup de génie » de Freud qui a consisté à déchiffrer le texte, au plus près de la lettre, écrit par un paranoïaque, le Président Schreber. Ce déchiffrage permet d’affirmer que le phénomène psychotique relève de la parole. Schreber expérimente une présence sous forme d’un discours qui lui est étranger, qui le conduit à poser l’existence d’un Autre, Autre du langage, Autre-Dieu pour Schreber. Cette notion d’Autre est bien différente selon que le sujet soit névrosé ou psychotique, selon que le sujet ait affaire ou pas à un signifiant manquant, que Lacan nous livre à la fin du séminaire sous la forme du Nom-du-Père.
Lebrun, J.-P. « États dits limites et lien social », dans Le sujet post-moderne, Paris, L’Harmattan, 2002. La clinique quotidienne souligne l’émergence de nouvelles formes pathologiques, de nouvelles maladies de l’âme avec une prédominance de troubles touchant à l’expression, sociale (polytoxicomanies, passage à l’acte, actes suicidant, violences et délinquances…). Cette clinique est celle d’organisations limites de la personnalité ou états-limites en rapport étroit avec les mutations actuelles du fonctionnement social. Cet ouvrage se veut une exploration psychopathologique de ces troubles psychiques du sujet post-moderne.
Lynn, D.J. Freud’s Analysis of A.B., a Psychotic Man, 1925-1930. Journal of the American Academy of Psychoanalysis, 1993 ; 21 (1) :63-78. L’article reconstitue un cas de psychose (qui reste fragmentaire) d’un jeune homme nommé A.B. que Freud reçoit en traitement durant cinq années de 1925 à 1930. Ce cas est reconstitué à partir d’une demande de diagnostic de Pfister à Bleuler, de la correspondance entre Freud et Pfister et de dossiers hospitaliers.
Sassolas, Marcel. « Soigner sans désinsérer », La psychose à rebrousse-poil. Sous la direction de Sassolas Marcel. ERES, 2009, pp. 360-367. Marcel Sassolas, responsable médical d’équipes soignantes associatives, expose le cas clinique d’un psychotique délirant qui parvient, grâce à un transfert souple aux dispositifs de soin, à préserver son insertion professionnelle.
Référence littéraire et cinématographique
Kirn, Walter. Up in the Air, traduit de l’anglais (États-Unis) par Nathalie Bru, aux éditions Michel Lafon, 270 p., 2010
Up in the air, film de Jason Reitman, sorti en 2010, avec George Clooney, Anna Kendrick, Vera Farmiga. Synopsis : Ryan Bingham est un misanthrope. Reconnu pour son professionnalisme extrême, il s’est fait une réputation dans la sous-traitance du licenciement. Les plus grandes sociétés font appel à ses services pour dégraisser sans perdre de temps avec ces petits détails qui rendraient la société plus humaine – mais moins rentable. A part accumuler les «miles» lors de ses déplacements, son seul plaisir dans la vie est d’annoncer des ruptures de contrats de travail. Toujours en déplacement aux quatre coins des Etats-Unis, Ryan n’a aucune attache et sa vie tient dans une valise…
[1] Lacan, Jacques. Le séminaire livre III, les psychoses. Paris, Seuil, 1981, p. 31
[2] Le cas est reconstitué (mais reste fragmentaire) à partir d’une demande de diagnostic de Pfister à Bleuler, de la correspondance entre Freud et Pfister et de dossiers hospitaliers, cf. Lynn, D.J. Freud’s Analysis of A.B., a Psychotic Man, 1925-1930. Journal of the American Academy of Psychoanalysis, 1993 ; 21 (1) :63-78.
L’article a été traduit dans la revue Filigrane en 2007.
[3] Freud, Sigmund. Lettre à Pfister de 1925.