Dario MORALES
Bonjour, j’ai le plaisir d’ouvrir avec Fabienne Hulak cette Journée consacrée à la problématique du « Trauma à l’épreuve du traitement ». Fabienne se chargera d’ouvrir la Journée, je me charge de vous dire un mot concernant les enjeux de la Journée que nous avons découpé en deux parties, « La clinique de la hâte ; la clinique de la patience ».
Le matin sera encadré par le signifiant « Traumatisme » qui se réfère à l’événement ou accident qui touche le sujet dans le réel. « Trauma » a une acception plus floue et fait appel par exemple chez Freud à l’événement inaugural qui affecte le sujet hystérique. Mais attention, le traumatisme a son incidence dans les névroses de guerre, par exemple. Au fond, c’est en quelque sorte par commodité épistémique que l’on distingue traumatisme et trauma. En tout cas, dans tous les cas, nous avons affaire à des sujets humains, traversés par le langage et qui sont à jamais marqués par l’impossibilité de résorber le réel – l’accidentel, dans les ordres symboliques et imaginaires. Face à un événement vécu, tout ne peut pas se dire ni en être imaginé. Le traumatisme et le trauma – dans leur niveaux respectifs sont écartés et écartelés et l’aléatoire, l’automaton, la répétition viennent se greffer la dessus. Seule la clinique, l’écoute, ouvre un champ pour la subjectivité. Et qui dit subjectivité fait référence au psy qui fait l’offre d’une rencontre.
Un petit mot pour chaque signifiant
« Le traumatisme » : issue de la clinique de catastrophes, le traumatisme touche l’événement imprévu, accidentel, Felisa Blanco explorera la donne à partir d’un suicide qui s’est produit au petit matin dans une entreprise. Un passage à l’acte génère alors des questionnements qui ne sont peut-être pas à mettre sous le compte du « traumatisme psychique » mais plutôt comme un ensemble de « réactions subjectives ». Le début de la matinée sera donc consacré à ces réactions subjectives, à l’énigme du passage à l’acte. La deuxième partie de la matinée y compris avec l’exposé de Lucie Clervoy s’inscrit plutôt dans la logique de la clinique qui concerne un objet traumatique qui laisse une empreinte réelle, une jouissance, chez le sujet.
« Le trauma » : elle est plus proche de la clinique analytique, elle concerne davantage l’histoire du sujet et qui ouvre vers la disposition personnelle du sujet. Le traumatisme se joue dans l’événement alors que le trauma se joue dans la rencontre. Ce qui est posé là est la tension entre l’événement censé être la cause du trauma et l’l’état du sujet qui y fait face. Avec le trauma à la différence du traumatisme où la cause est l’événement, ici la cause va de l’événement au sujet.
Pour finir, il sera également question dans cette journée du type de prise en charge. Dans les situations « traumatiques », accident, suicide, le sujet se retrouve seul confronté à la mort, ce qui est alors proposé est l’expérience de partage de l’épreuve avec les autres. D’où l’intérêt que cela se fasse avec quelqu’un qui n’est pas dans la relation a-a’ mais qu’il y ait une reprise avec quelqu’un qui ne soit pas concerné. Expérience de partage et tentative d’assurer une continuité là où l’expérience traumatique s’avère morcelée.
Pour ce qui est du trauma, c’est quand même la psychanalyse qui a découvert que les hystériques souffraient des réminiscences d’un trauma. Conjonction d’un facteur réel et d’un autre interne, sexuel. La clinique nous fait alors découvrir deux temps, le temps de l’événement refoulé et le rôle de la subjectivation, au temps 2, sa symbolisation et souvent son ratage. Le rôle de la cure aura pour objectif de reconstruire ces moments, mais surtout de déchiffrer les â côtés qui vont avec le trauma, le symptôme, le fantasme. Dans tous les cas, on trouvera les traces d’un réel qui ne disparaît pas mais qui gît au fond du symptôme, du fantasme, une jouissance dont il sera toujours temps de la négocier, de la transformer.