Dario MORALES
La clinique nous permet de mesurer le progrès ou l’échec de la subjectivation d’un sujet dans le monde. L’insertion n’est pas nécessairement normative ; c’est simplement la capacité pour un sujet de faire rentrer de l’universel dans la particularité de sa vie. Ceci suppose donner son assentiment au discours et de rompre avec l’obscur de la jouissance. En pratique, le discours courant fait office de modulateur de l’universel pour domestiquer cette jouissance et organiser ainsi un espace social pour le sujet. Or il faut savoir que parfois le sujet bute sur quelque chose qui rend complexe cette subjectivation. Lorsque le discours courant échoue, la clinique peut venir à l’aide, le clinicien se propose ainsi comme partenaire dans la construction du symptôme. En revanche, l’entrée dans le discours s’articule avec la nécessité pour le sujet d’assumer sa responsabilité face au langage, même pour un sujet désinseré de l’inconscienti.
Le cas présenté ici nous apprend comment des catastrophes subjectives peuvent survenir chez des sujets dits bien insérés, des sujets ordinaires qui, tels un château de sable, sont emportés par un événement (ici un passage à l’acte) et se retrouvent durablement en situation d’être à jamais ostracisés familialement et/ou socialement. La première rencontre avec M. S. a eu lieu en détention. Libéré après 6 mois d’incarcération, il a décidé de poursuivre le traitement. Au cours du travail thérapeutique, M.S. se mettra sur la voie d’interroger la répétition de sa position d’exclusion dans des situations qu’il subit et/ou qu’il provoque. Ce qu’il désigne par « comportement kamikaze » sera la voie royale d’accès à ces situations. A sa sortie de prison, sa famille coupe totalement tout lien avec lui. Il trouve appui auprès de sa maîtresse avec qui il entretient une relation stable. Par ailleurs, le travail qu’il effectue avec nous est déterminant, il amorce ainsi un aménagement subjectif qui consiste à porter autrement sa solitude. Voici le déroulement de quelques éléments de la cure.
Pour M. S., 64 ans, il s’agit d’une première incarcération. Il ne présente pas de troubles caractérisés : pas d’antécédents psychiatriques, pas de phénomènes élémentaires bruyants. Il consulte parce qu’il se trouve dépassé par la nature de son acte, qu’il se sent accablé et honteux. La relation avec l’épouse et l’entourage familial se sont progressivement délités ces dernières années. La méchanceté qui anime son épouse lui a fait « péter les plombs » lorsqu’elle lui a annoncé un rendez-vous avec un avocat pour engager une procédure de divorce à laquelle il n’avait jamais consenti. De fait, il reçoit une lettre de l’avocat. Les étroits repères qui jusqu’alors avaient fait tenir son rapport à l’Autre familial volent en éclat et un processus subjectif destructif, déjà entamé, se met en route subitement : il détruit la lettre, alors que ce n’est pas son habitude, il passe la journée à boire. Des pensées agressives vis-à-vis de son épouse déferlent ; en même temps, l’angoisse de se trouver seul l’assaille. Le lendemain matin, il reçoit les enfants de son fils qui habitent dans le même immeuble, fait une partie de jeux vidéo avec son petit garçon, puis il se retrouve seul avec la petite fille âgée de 6 ans, qui éprouve le besoin d’uriner ; il lui dit d’aller voir sa grand-mère ; la petite refuse de peur de se faire gronder par elle ; il se rapproche, veut vérifier si elle a fait pipi sur elle, il la caresse et se masturbe devant elle. La petite fille regagne son domicile et quelques heures plus tard son fils et sa compagne affolés débarquent pour exiger une explication. Il s’enferme dans les cabinets et prend une grande dose de somnifères ; au réveil, il est amené par des policiers au commissariat et ensuite déféré devant le juge.
Que dit-il de ce passage à l’acte ? Comment peut-il l’articuler dans son vécu ? La désinsertion subjective de M. S. est démasquée par le passage à l’acte. Il déclare être un homme d’habitudes, de maitrise, de besoin de normalité et en même temps il dit manquer totalement d’assurance dans les relations humaines, préférant de loin l’évitement des personnes aux rencontres. Inversement, ce que l’expert rapporte et que M. ne dit pas, c’est que depuis plusieurs années il s’est exclu de sa famille par l’autoritarisme dont il fait preuve à l’encontre de sa femme et de ses enfants. Pendant des années, il s’est retrouvé dans des situations où il a suscité l’opprobre, le rejet, le scandale des proches. Par exemple, lors d’une réunion familiale autour de la galette des rois, un des fils déclare que la galette n’a pas de goût ; M. S. se lève alors, ramasse les morceaux, se rend à la boulangerie et déverse les morceaux à l’entrée de la boutique. La famille est consternée. Au travail, il prend des initiatives justes mais à l’écart de l’équipe d’ingénieurs ; il dit être enfermé dans une sorte de bulle qui le protège de l’autre, mais il ne se sent pas pour autant persécuté, dit-il, c’est juste un sentiment.
A l’écart du monde du travail, de sa femme et de ses fils, il s’est aménagé un monde où il entretient des relations cachées ; sa dernière rencontre : une femme de condition sociale modeste délaissée par son mari, très attachée au semblant familial ; c’est une relation qui a débuté quelques années auparavant et qui depuis peu de temps s’étale au vu et su de sa femme. A la différence de sa femme, cette partenaire n’étant pas porteuse d’une « volonté méchante », M. S. échappe ainsi aux reproches et humiliations habituelles qu’il dit subir de la part de sa conjointe ; en outre, la partenaire fait preuve de docilité parce qu’elle s’accommode à sa demande d’espacer les relations sexuelles ; il évite ainsi l’exigence sexuelle qui l’obligerait à être l’objet de sa jouissance. Cette relation s’avère-t-elle être une suppléance ? Si stable que soit la relation, le désir de l’Autre le tourmente ; avant le passage à l’acte, il vivait dans la crainte que la partenaire ne cesse de le rencontrer, elle lui a toujours assuré qu’elle ne quitterait jamais son foyer et ses enfants. Pour M. S., l’impossibilité à dépasser une situation de rupture le fait buter sur le plan symbolique et le pousse à franchir dans le réel par un acte kamikaze (acte impulsif) dont la connotation perverse est évidente. Cet acte réunit les traits essentiels du rapport symptômatique qu’entretient M. S. envers l’Autre familiale, son épouse, ses fils ; il en résulte une déconnexion progressive du sujet à ses liens intersubjectifs qui pourrait se résumer ainsi : chaos identificatoire, pousse à la jouissance, rejet du lien ; entre parenthèse, cet acte kamikaze possède une connotation perverse parce qu’il affirme la cruauté de la pulsion qui lève tous les tabous, franchit toutes les limites (l’acte en question est une réponse particulière, provocatrice à la pulsion sexuelle) ; cet acte révèle la complexité de la construction humaine vis-à-vis du sexuel, ses exigences contradictoires et complémentaires, le triomphe de l’archaïque d’une fondamentale cruauté ; inversement, il affirme la victoire de la censure, de l’instance répressive, civilisatrice, humaine.
Au sujet de la petite fille, certes une chipie, la grande mère avait proféré récemment, « c’est une petite salope » ; or, la petite fille n’est pas, comme on pourrait le croire, un simple objet sexuel ; elle est un simulacre, un semblant de femme ; par une opération de division qui porte sur le corps de sa victime, surgit l’objet qui se dérobait sous les yeux de M. S., la « voix », objet qui porte le scandale au sein de la famille. M. S. disait que depuis quelque temps, il était sous surveillance de sa femme car la petite fille avait rapporté à la grande mère que M. S. l’avait embrassé furtivement sur la bouche. Il avait l’impression d’avoir un regard fixé sur lui ; il se sentait « silencieusement » épié par sa femme ; La petite fille n’est pas un objet sexuel, mais par elle, se fait objectiver l’objet de la pulsion, objet de la jouissance qui choque et interpelle violemment sa famille. A l’objet « regard » – objet discret mais présent- se succède la vocifération surmoïque, la condamnation et le bannissement définitif. Confronté aux vociférations, l’Autre incarne la jouissance mauvaise et M.S. se fait l’objet, le déchet.
Polytechnicien, il a été reçu à une très bonne place lors de sa promo ; il a accepté les assiduités d’une camarade qui a fini par le séduire et quelques mois après, il se résoud au mariage. Pourquoi cette femme ? Pas de réponse. Ce qui l’a orienté, c’est que cela est venu d’elle, des signes et des avances qu’elle a fait envers lui, « que quelqu’un se soit intéressé à lui, cela suffisait largement ». Timide, les relations sexuelles, il ne savait pas comment les aborder. Il a toujours éprouvé un sentiment étrange d’irréalité devant cet acte. « Elle voulait avoir des enfants » ; « je voulais juste qu’elle ne me laisse pas tomber ». Quelle valeur donner au manque, alors que le « ne me laisse pas tomber » semble être plutôt un signifiant maître ? La clinique distingue l’amour figé, mort, qui repose essentiellement sur une identification imaginaire ; celui-ci s’oppose à l’amour vivant, indexé sur le désir. Ici, le lien avec le partenaire ne semble pas avoir été marqué par le signe du désir mais de l’amour figé que désigne le signifiant « laisser tomber » ; en tout cas, si la signification phallique reste en suspens, si la dialectique du désir demeure inaccessible, ici, c’est plutôt le versant de l’amour qui colmate, présent dans sa façon d’aborder la relation à sa femme ; la présence de son épouse n’est pas articulée au manque, elle est juste utile, il préférait sa présence à la solitude, qu’il supportait assez mal ; « se replier sur soi-même n’a de sens que si l’on a une vie imaginative riche » ; la sienne a toujours été pauvre, vide ; depuis plusieurs années, pour colmater l’absence d’imagination il fait de la photo et de la randonnée ; ces deux activités se révéleront à l’après coup, être d’une grande valeur stabilisatrice. Trois fils naissent. Lors du mariage, la belle famille leur propose un appartement dans un immeuble dont ils sont les propriétaires ; l’épouse gère le salaire, les investissements, les sorties ; il dira qu’il était une sorte de meuble parmi les meubles de la maison. Les enfants, c’est l’épouse qui en a voulu ; Dans ce système, il s’est senti l’objet, à la merci de l’Autre, de sa femme, de la belle famille qui jouissent de lui. « J’acceptais sans broncher » mais l’agressivité est venue bouleverser l’apparente inertie qui prédominait. D’abord, les reproches de sa femme : « tu es un raté » ; elle l’accuse d’être violent ; ensuite, sa femme est au courant de ses relations extraconjugales, « j’ai laissé des traces comme le petit poucet » ; enfin, les relations exécrables avec ses fils ; un jour, les deux aînés lui proposent un déjeuner ; au milieu du repas on lui dit « vous devriez divorcer » ; il ne bronche pas ; inquiet des propos de ses fils, il va consulter un psy mais au bout de trois rendez-vous, il arrête brusquement les entretiens. « Je n’arrivais pas à en parler ». Dès lors on comprend pourquoi la demande récente de divorce de sa femme le déstabilise tant. Il insiste pour dire qu’un homme, un professionnel doit vivre « normalement ». A la place d’une femme symptôme, il s’offre plutôt une relation de normalité. La normalité qu’il ne conteste pas après 35 ans de mariage, de tromperie ; il faut que ce semblant perdure. Dès qu’un réel imprévu surgit, là où la prise signifiante échoue et où la protection phallicisée se décompose, c’est la déréliction qui l’annule comme sujet. Ce point de surgissement où le vide menace est connu sous le nom d’angoisse. Le sujet tend à recouvrir ces moments où l’objet pourrait se montrer nu, non dialectisable. Le « laissé tombé » du partenaire le menace. Ne pouvant pas dépasser la situation de rupture par le symbolique, il le franchit alors dans le réel par un passage à l’acte. Rappelons que devant une impasse, tantôt il boit, tantôt il adopte des attitudes kamikazes (actes impulsifs) : devenir agressif, faire des randonnées ou, ce qui revient au même selon lui, errer en ville.
Voici quelques éléments signifiants de sa vie. Il a très bien réussi dans ses études et même s’il n’a pas tiré de profit des contacts de la promotion, il effectue une brillante carrière professionnelle dans une grande entreprise publique ; en même temps il se trouve en position d’exclusion ; le contact avec ses camarades et ensuite avec ses collèges est distant, pauvre, il se sent au fond rejeté ; plusieurs facteurs l’expliqueraient : différence sociale marquée : issu d’une famille provinciale d’instituteurs, il n’a jamais voulu participer aux mondanités ; il se sent supérieur mais un sentiment d’infériorité est tapi en lui, il se montre très timide ; enfin, il éprouve le sentiment que ce qu’il raconte est dénoué d’intérêt, son discours s’organise sur un plan purement « logique », vidé, sans ancrage dans le vécu, sans sujet ; c’est le discours commun qui lui sert de « prêt-à-porter », proposant une sorte de discours « standard » passe partout. Seule l’ironie (phoné), par l’usage des propos transgressifs qui néanmoins indisposent l’interlocuteur, semble créer un semblant de lien, intersubjectif. S’il semble s’intéresser à l’Autre, par contre il ne prend pas en compte leur énonciation, le dire, soit la réalité humaine de celui à qui il parle. L’effet est radical : M. S. déclenche souvent la surprise et l’agacement y compris chez ses fils ; il a donc tendance à s’isoler et à faire bande à part.
Rendre compte de son passé ou mettre une causalité est un exercice difficile ; il s’est toujours senti étouffé depuis son enfance par une mère possessive, tyrannique, très capricieuse qui n’en faisait qu’à sa tête et un père, alcoolique, qui était l’objet des railleries de la mère. La cause de cet état de choses serait imputée à la mère qui aurait ainsi brisé le père. Mère toute puissante qui dénonçait avec excès l’abîme paternel ; elle le persécute, le père se venge, il s’en suit des disputes et progressivement la famille coupe tout lien avec l’entourage et avec autrui. Depuis cette époque, il garde le sentiment qu’une jouissance mauvaise et destructrice avait pris racine au sein de la famille. Au milieu de ce champ de bataille (il décrit ainsi le couple parental), il s’accommode des dérapages maternels, en prenant appui sur la raillerie et sur la moquerie ironique, et lorsque l’écrasement se fait sentir, il s’identifie, à l’image du père, à un être de déchet. Un souvenir d’enfance est resté gravé : on sonne à la porte : sa sœur et lui se cachent sous la table, comme des chiens apeurés, par l’intrusion étrangère. Sous la table, ils ne voient pas les visiteurs mais ils entendent leur voix menaçantes, ce sont des huissiers ; le père les insulte et la mère au lieu d’aller à sa rescousse, le raille sur sa façon de s’exprimer. Le scénario s’est reproduit plusieurs fois. La mère ne s’arrête qu’au dit, sans aucun égard pour le dire du sujet, qu’il s’agisse du père, de lui, ou de quelqu’un d’autre. Un premier point de déstabilisation, de rupture a lieu lors de son entrée au collège, quand il devient le souffre-douleur de ses camarades parce qu’il n’est pas du coin, il pense alors au suicide. Il erre dans les champs pour se calmer.
La cure se déroule depuis deux ans, j’invite le sujet à raconter sans nécessairement interroger quelque chose de son histoire personnelle qui se présente pour lui comme très floue; deux pistes se dégagent : d’abord ses angoisses : le sujet se précipite dans des comportements dit kamikazes afin de traiter l’angoisse sans toutefois pouvoir la tempérer ; je dirais que faute d’avoir une fonction phallique qui tienne, à chaque dérapage il aggrave son cas. L’angoisse surgit chaque fois qu’il est devant un choix, une décision à prendre, devant marquer une séparation ou une rupture, ou lorsque dans certaines situations il répète une position d’exclusion ; ce point d’exclusion est intolérable, il finit par noyer le bébé avec l’eau du bain ; deuxièmement, il aborde le lien qu’il entretient avec son amie, ce lien ne se formule pas par la question de ce que signifie être un homme pour une femme qui traduirait l’engagement du phallus. Sur ce point, les changements sont significatifs : si dans un premier temps, il vient témoigner que l’autre pourrait le lâcher ou le trahir, se laissant aller jusqu’à l’agresser ironiquement par ses moqueries lassantes, au fil des séances surgissent des sentiments, des émotions ; devant l’attente qu’impose la rencontre de l’autre, il devient moins agressif, plus tolérant ; il prend soin de lui-même, pratique la randonnée en groupe. Nous assistons à une nouvelle tempérance qui protège du comportement kamikaze : le collage imaginaire à l’autre suscite alors moins d’angoisse : il achète un appartement où il reçoit son amie et s’emploie à construire un semblant, vivre seul, monter un labo de photo au domicile, activité qui semble lui apporter beaucoup de plaisir. Cette dernière activité se pratiquant en solitaire, la question est de savoir si son invention sinthomatique s’avère apte à faire lien social. Apparemment, c’est le cas, puisque M. S. prend des photos pendant les randonnées, mais reste bien entendu, suspendu au fil du lien qu’il saura inventer avec son amie (lien amoureux, sexuel, amical, etc).
En conclusion, pour expliquer les effets de ce qui se produit, nous avançons ne pas avoir cherché à toute force son insertion sociale ; nous cherchons simplement à limiter la rupture, le raptus, ou passage à l’acte. L’insertion sociale est liée à la capacité d’insérer l’autre, un bout de l’universel dans la particularité de la vie de chacun. Bien sûr, parfois il manque chez certains sujets l’opérateur « universel » permettant de parvenir à répondre aux exigences sociales du travail, de la famille, du partenaire. En ce qui concerne le clinicien, hormis la question du diagnostic qui permet de donner une direction au traitement, la question est celle de l’installation du transfert et la mise en place du symptôme. Qu’est ce qui pourrait faire office du symptôme pour ce sujet. Vous savez que pour la psychanalyse, le symptôme relève d’une construction. Bien sûr, on n’en est pas là. On peut, malgré tout, avancer que le trait maternel (l’ironie) et l’anéantissement sous les exigences de l’autre, sont les fils qui permettent de tisser le fantasme de ce sujet. Le travail thérapeutique aurait pour objectif de détacher de la jouissance ironique par exemple, une parcelle qui puisse avoir des égards pour le dire ; bref, taire la jouissance ironique, afin que le sujet puisse se dégager de l’objet, et donner une place aux dires de l’être. S’obtient ainsi une réinsertion dans un discours qui n’est pas celui de la vocifération ou du passage à l’acte kamikaze. Une telle perspective n’est pas encore à la portée du sujet ; néanmoins elle serait la condition permettant à monsieur S. de porter autrement sa solitude.
Quand Lacan traite de la réalité comme nœud du sujet, il fait remarquer que toute l’expérience subjective est supportée et soutenue par différents éléments qui s’entrecroisent pour former ce qu’il appelle « la tresse subjective » ou sinthome. La réalité psychique, explique Lacan, est constituée d’événements qui combinent les trois dimensions de la parole qui constituent la subjectivité, celles de l’imaginaire, du réel et du symbolique. Selon Lacan, ce qui peut faire problème, c’est la manière dont ces trois registres viennent, ou non, à se nouer. La rencontre avec la clinique peut aider à faire meilleur usage des fils du nœud du sinthome, à mobiliser les « points élus » au moyen de la corde de la répétition avec comme but, de détendre le nœud serré avec lequel le sujet a tissé sa vie. Inversement, la rencontre clinique fait ressortir les points où le sujet se trouve aliéné, inséré.