Kevin POEZEVARA
La recherche d’une efficacité clinique pousse le discours social à regrouper les individus sur des traits identitaires : anorexie, alcool, toxicomanie, scolaire, etc. Cette recherche de la spécialisation de l’objet va de pair avec l’effacement du sujet au profit de l’identification collective et anonyme ; et si cette clinique, au fond, ségrégative n’était rien d’autre que la voie préliminaire d’accès à la réhabilitation du sujet de l’inconscient ?
Voilà un argument quelque peu hardi, d’autant plus qu’il se veut introductif d’une mise à-propos de la notion de « subjectivation du symptôme ». Jusqu’à quel point un exposé qui se veut imprégner d’un idéal analytique peut-il faire l’éloge d’une mascarade ? Car c’est de ça qu’il est question ici, peut-on pleinement défendre l’intérêt, pour le processus de subjectivation d’un sujet, de son étiquetage médico-social, du tamponnement arbitraire sur son dos de patient d’un diagnostic fourre-tout ou pire encore, « fashion » ? Peut-on vraiment soutenir que le placement du sujet sous l’égide d’un trait identitaire puisse s’avérer être un geste liminaire du travail de subjectivation du symptôme ?
Je n’ai pas trouvé meilleure rhétorique que celle de la démonstration par l’exemple, je vais donc principalement m’atteler à vous relater, dans une version douloureusement résumée, l’histoire de ma rencontre avec celui que je nommerai ici Lucas, jeune collégien de 13 ans.
J’animais alors un groupe dit thérapeutique au sein d’un CATTP pour adolescents rattaché à la Fondation santé des étudiants de France. Y sont adressés par les établissements, des collégiens et lycéens que l’on pourrait qualifier de souffrant sur le lieu scolaire. Vu ses rapports étroits avec l’école, réaffirmés par la présence de profs dans l’équipe, cette institution offre une certaine prégnance au discours-courant créateur régulier d’entités psychopathologiques que l’on peut, il me semble, assimiler à des effets de mode. Après l’engouement pour les surdoués, pour les hyperactifs ensuite, cette structure s’est donc vue apposer ces dernières années, la réputation d’être spécialisée dans la prise en charge des adolescents phobiques scolaires. Assumée par certains – une autre structure de la Fondation tient tous les ans, de la fin de l’été jusqu’à la Toussaint, son « stage phobie scolaire » regrettée par d’autres qui se souviennent que la psychanalyste Annie Birraux dans son Eloge de la phobie la qualifiait de « concept poubelle ».
Malgré ce que pourrait laisser sous entendre mon titre, je ne compte pas tenter un rétablissement théorique de la phobie scolaire. Je suis d’accord avec l’idée que c’est un terme creux et fourre toute structure, néanmoins je ne pense pas, toute « poubelle » qu’il soit, que ce soit un concept à mettre à la benne. Pour m’en convaincre il me faut me remémorer le premier patient que j’ai rencontré dans ce lieu, il s’était présenté à moi en me disant : « Je ne suis plus phobique social, juste encore un peu phobique scolaire ».
Sur prescription de son psychiatre consultant, Lucas est donc arrivé dans l’atelier que j’anime, avec l’aide d’une infirmière, une fois par semaine. C’est « le groupe BD ». Cinq jeunes adolescents, s’y voient proposer de créer leur propre bande dessinée sur le thème imposé de la naissance d’un super héros. Ce choix s’inscrit dans la lignée de ma recherche qui comporte une étude anthropo-psychanalytique du mythe du super héros. Pourquoi ce personnage ? Car c’est une métaphore ad-hoc du choc imposé au sujet par le bouleversement pubertaire et de son travail de secondarisation adolescente. Pour être bref, Peter Parker dans son lit tirant du creux de son poignet une « toile de jute » blanchâtre et visqueuse comme métaphore des premières expériences masturbatoires, avant d’éviter le destin d’un Grégoire Samsa en déviant la monstruosité au plus loin du cercle familial : il sort par la fenêtre et se crée un alter ego, un masque, un pseudonyme totémique. Il sera Spiderman, l’homme araignée là où il n’y a pas eu d’Homme cafard chez Kafka.
Normalement les patients désignés pour l’atelier sont plutôt des Samsa, restant cloîtrés chez eux, pétris par une peur incompressible de l’extérieur. L’idée, bien trop optimiste et opportuniste – mais sait on jamais – étant de leur proposer de composer, dans le groupe, une sorte de « roman pubertaire », un mythe individuel des origines de la puberté pour renégocier les seuils de l’intérieur et l’extérieur. En deux mots et selon la définition de Lacan, les rendre véritablement phobique !
Le soucis, c’est que Lucas ne se présente pas comme phobique lui… Le problème ce n’est pas franchement qu’il n’arrive plus à aller en cours, mais que pèse sur lui la lourde menace de s’en voir exclu ! En effet, lorsque je lui demande la motivation de sa consultation, il me répond : « Parce que je me bagarre tout le temps… » Pas un jour sans qu’il se retrouve au cœur d’une rixe au collège. Tout les prétextes sont bons : on l’a mal regardé, bousculé, insulté… Et même lorsque personne ne l’a cherché, il trouve toujours à défendre quelqu’un, il se fait alors justicier pour justifier le combat. C’est sans doute pour ça d’ailleurs qu’il a été invité dans ce groupe.
Dès qu’un nouveau participant intègre le groupe, les règles lui sont rappelées, on lui explique que le temps d’atelier est divisé en deux, un temps de production (45 min) et un temps de présentation sous la forme d’un tour de table de 15 minutes. Lui est alors offert gracieusement une pochette en carton jaune sur laquelle il lui est demandé d’inscrire son nom et dans laquelle il devra laisser ses productions. Généralement la proposition d’imaginer un personnage qui se crée une couverture pour dissimuler aux uns ses pouvoirs afin de mieux les révéler aux autres est comme transposée sur la couverture de cette pochette individuelle : à l’instar de leur sac à dos, de leur coque de portable, des murs de leurs chambres ou de certains vêtements, cette surface devient en quelques minutes recouverte d’une myriade de logos, de tags, de graphes et de blazes. Lucas ne déroge pas à la règle et se jette avec avidité sur une boite de feutre pour personnaliser à son tour sa pochette. Cependant, alors que ses nouveaux camarades avaient reproduit sur le carton jaune des symboles déjà cent fois recopiés sur d’autres surfaces, comme des signatures qui leur sont propres, Lucas s’est quant à lui, appliqué à dupliquer la police de caractère de la pochette de son voisin : qui, par le plus heureux des hasards s’appelait Luke, plaisant diminutif pour Lucas …
Pendant le reste de la séance, si Luke se levait, Lucas suivait. Si Luke demandait à aller aux toilettes, Lucas avait une envie pressante … Si Luke durcissait le ton et maudissait l’atelier, Lucas le dévorait du regard.
Très vite Luke ne supporta plus le mimétisme de Lucas et commença à le menacer plus ou moins subtilement. Toute la dynamique du groupe à été modifié avec l’arrivée de Lucas (qui était d’ailleurs accueilli en même temps dans un autre atelier dont il fut exclu tant il mettait à mal le cadre). Semaines après semaines, il passe l’heure entière à gesticuler, à se lever, à se balancer, à s’agiter. Mais surtout à travailler les autres pour les sortir de leur ouvrage. Des patients qui avaient à cœur d’avancer dans la création de leur BD ont manifesté, à l’arrivée de Lucas, une certaine inhibition, au point de ne plus vouloir sortir leurs productions de la pochette. Malgré tout, malgré qu’il interpelle ceux qui se mettent au travail en leur disant « Pff t’as que ça à faire ! », il s’avère toujours très intéressé de savoir si l’autre a eu une idée pour nourrir son scénario. Parfois dès le début de l’atelier il lance plein d’enthousiasme à un autre patient : « Hey ! Alors t’as trouvé toi un pouvoir pour ton super héros ? » Mais il suffit que le jeune lui réponde que non pour faire retomber son envie. « Ouais moi non plus, j’ai même pas cherché, genre, j’ai pas que ça à faire… ». Et il croise les bras, visiblement déçu.
Pendant longtemps sa pochette n’a contenu qu’une seule feuille visiblement vierge. En réalité il y avait tracé un petit trait de crayon lors du premier atelier en disant « Voilà c’est ça ma production… ». Petit trait qu’il avait finalement effacé, après qu’un habitué du groupe l’ai mis en garde : « Fais gaffe, même de ça tu vas devoir en parler à la fin pendant le tour de table !». Le temps de reprise était finalement arrivé, une fois son tour venu, Lucas avait ouvert sa pochette et se l’était plaquée sur le visage. Je lui ai alors dit : « Voilà, pour votre premier atelier vous avez compris à quoi servent les pochettes ».
Par la suite, lorsqu’au début du temps de groupe je lui demandais ce qu’il avait fait la séance d’avant et qu’il me répondait qu’il n’avait rien fait du tout, je lui désignais l’unique feuille dans sa pochette. Il s’amusait alors à la scruter sous toutes les coutures et en transparence pour retrouver la trace de son petit trait de crayon.
J’en viens à la séance qui me semble la plus intéressante pour cet exposé. Lucas faisait ce jour là un bouquant magistral, avec sa chaise et avec un gobelet en plastique qu’il mâchouillait bruyamment, au point de subir des remarques de la part des autres jeunes. Alors qu’il essaye de trouver l’équilibre sur les deux pieds arrière de sa chaise je lui demande s’il arrive à rester sur ses quatre pieds en cours. Il répond que non, qu’il fait beaucoup de bruit avec sa chaise en cours. Il en vient à expliquer qu’il déteste au plus haut point le silence qui règne pendant les heures de classe : dès que c’est trop calme il faut qu’il fasse du bruit avec sa chaise, en la faisant grincer voire tomber par terre.
Je m’empare alors d’une feuille blanche et d’un crayon et commence à écrire. Intrigué il vient lire par-dessus mon épaule (ce qui est la place même de tout lecteur), à haute voix : « Dans un monde baigné dans le silence, un héros s’avance. Son pouvoir, faire du bruit (avec des chaises, des gobelets…) Devant ce bruit assourdissant les autres n’arrêtent pas de lui dire « Stop, Stop ! Tu fais trop de bruit ! » « Tu nous énerve !» Mais lui seul sait qu’il ne peut pas s’arrêter de faire du bruit, car sinon le froid silence retombera. C’est son pouvoir mais aussi sa malédiction… » Et de lui-même il ajoute : « C’est Bruit-man, je suis Bruit-man ! » Ce que j’ajoute à la fin du texte. Je lui propose de faire un portrait robot de Bruit-man, il tient alors entre ses lèvres le fameux gobelet qui lui fait comme un museau, enrobant son nez et dissimulant une partie de son visage. Je dessine ça rapidement. Il y jette un œil, se reconnaît mais ne bronche que pour la forme. Il me dit de lui ajouter une casquette, pas à l’envers, mais sur le côté « comme les vraies racailles » ajoute t’il. Et lorsque je lui demande ce qu’il porte comme costume il me répond une marque de vêtement dont j’aurais du mal à me souvenir le nom aujourd’hui. Devant mon ignorance, il me dit que c’est la marque du tee-shirt qu’il porte justement. Je dessine alors à Bruit-man le même haut que lui.
Le gobelet finit par rendre l’âme, Lucas l’effeuille, le transforme en une sorte de fleur et s’interroge : en le faisant tenir pourra t’il encore contenir de l’eau… Il souhaite faire l’expérience mais le groupe touche à sa fin. Il se replie donc sur un petit mannequin de bois qu’il triture dans tous les sens, lui faisant prendre des positions improbables et faisant grincer bruyamment ses articulations. Finalement il le remet tout droit, jambes jointes, les bras le long du corps. Il le regarde un instant puis croise les bras. C’est alors qu’il lâche une petite phrase. Une phrase dans un souffle qui semble sortir de nulle part, non adressée et sur un ton où pointe une certaine tristesse.
« Je suis droit comme une image. »
Ma collègue le reprend : « Non on dit droit comme un I ou sage comme une image !». Je suis pour ma part moins frileux à accueillir cet irrespect proverbial où j’entends pour la première fois dans le discours de Lucas l’expression du sujet de l’inconscient. Je bredouille quelque chose du genre « Droit comme une image. On voit bien ce que ça peut être et on va s’arrêter là dessus. »
Et le moment est déjà passé.
Pendant les dernières séances Lucas tentera régulièrement de nous montrer son visage de petit dur, mais les fils ne tiendront jamais très longtemps. Il essaye de rouler une cigarette en plein atelier mais n’arrive à obtenir qu’un boudin informe (« une chaussette » dira Luke ). Il nous annonce qu’il a fait une nuit blanche et qu’il a fait tellement de bruit qu’il a empêché tout le monde de dormir… Le tout pour finalement expliquer qu’il aidait une chatte réfugiée, dans son placard à vêtements, à accoucher.
Il passera les dernières semaines à ajouter des couches et des couches de peinture sur sa pochette, testant toutes les combinaisons de couleurs et de textures pour finir par écrire son prénom avec de la peinture coulant directement du tube. Après des semaines de séchages il retrouve la couverture de sa pochette épaissie d’un bon centimètre de matière mais surtout toute gondolée. Il dit alors : « C’est cool, comme ça on dirait que y’a plein de truc dedans ! »
Pour la dernière séance de l’atelier, un jeune a apporté des crêpes, on refait un petit goûter. Lucas retrouve avec plaisir les gobelets en plastique et on se souvient de Bruit-man. On discute avec un autre patient d’une technique pour dessiner les personnages qui consiste à partir d’une forme très schématisée du corps (pour laquelle on utilise le pantin articulé) avant d’ajouter la chair, les muscles, la peau, les vêtements et les détails. Lucas s’y essaye, il donne une position au pantin mais bute dès les premiers traits et s’énerve. Je lui propose de l’accompagner étape par étape dans son dessin en lui fournissant un modèle, mais pas bête il finit par s’emparer de mon dessin pour se l’approprier…Il place alors son gobelet dans les bras du pantin et ajoute cet élément à mon dessin. Il place les deux bras et les deux jambes du bonhomme dans des gobelets et les ajoute au croquis. Au final le pantin dessiné porte une sorte d’armure intégrale de gobelet. Lucas commente « Il ne peut pas bouger sans que ça fasse du bruit ».
C’est la fin de l’atelier, je ne reverrai plus Lucas après ça. Je lui offre la possibilité de garder sa pochette ce qu’il souhaite effectivement faire. On range le reste des affaires, il s’empare du pantin qui tombe en pièce dans sa main. Arrivé en bout de course le ressort interne avait lâché. L’espace d’un instant c’est un drame, Lucas se complait en excuses, il ne cesse de répéter qu’il n’a rien fait, qu’il voulait juste le ranger. Il a peur de devoir le rembourser. Il essaye de le réparer en vain. Je lui dis que toute l’année il a encaissé des contorsions extrêmes qui l’ont mené à lâcher maintenant. On le met à la poubelle.
Lacan distingue « Hiéroglyphes de l’hystérie, blasons de la phobie, labyrinthes de la névrose de contrainte ». Pour l’hystérie c’est plutôt simple à entendre : hiéroglyphes parce qu’ils s’offrent à la vue du premier Champollion qui passe. Le labyrinthe de l’obsessionnel ? Tout y est question du choix paralysant de la meilleure route à prendre alors que l’on est condamné à buter inlassablement sur le cul… de-sac. Mais alors comment entendre le blason du phobique ? Est-ce que ça parle de ce soi-disant objet dit « contra phobique » qui comme un bouclier lui permet d’avancer sans peur ? Certainement pas. Le blason se réfère à une héraldique, cette sémiologie particulière qui codifie les armoiries familiales. Il faut se souvenir de l’annexe à la Psychologie des foules et analyse du moi de Freud, lorsqu’il reparle de la horde laissée depuis Totem et tabou et son mythe du meurtre du père. Dans cette horde, un des fils (le préféré de la mère) souffre. Il souffre de nostalgie, de voir la frustration de tous ses petits pères qui se marchent dessus. Il sort alors du groupe, il s’isole avant d’effectuer ce que Freud appelle son « chemin du retour ». Mais il ne peut revenir les mains vides, il apporte à la horde le mythe du héros, le récit du meurtre du père : il est devenu le Poète épique. Voilà qu’il soulage le groupe de sa frustration en offrant aux individus un idéal du moi auquel ils peuvent à loisirs s’identifier.
Ce poète épique Freudien c’est à mon avis le phobique. C’est le petit Hans qui devant un père faiblard se forge une nouvelle armoirie familiale, le cheval dressé en charivari toutes dents sorties.
Le phobique ne peut être le héros, ce n’est pas lui qui pourra tuer le père, ce dernier étant trop faible pour ça. Cependant il peut devenir le héraut, c’est-à-dire celui qui précède la famille royale et informe le monde de sa puissance. Mais ces lettres de noblesses du jeune zoo-phobique ne se retrouvent pas dans les phobies adolescentes. Si le pubertaire sait sortir du groupe, le phobique scolairo-social échoue à effectuer son chemin du retour. Annie Birraux inaugurait son Eloge de la phobie en écrivant : « Il n’y a pas d’adolescence sans phobie ». Ce n’est pas à entendre d’un point de vue statistique mais plutôt procédurier. Le travail adolescent de subjectivation du renouveau pubertaire en passe par une procédure de type phobique. La phobie scolaire, qui empêchant le sujet d’effectuer son chemin du retour en l’assignant à résidence, est donc en réalité un échec du processus phobique adolescent. Je me souviens d’une mère disant que vu l’état de son fils elle avait décidé de prendre un « congé maternité » …
D’où la proposition d’un atelier de création d’un super héros. Soit l’écriture d’un mythe individuel, un roman pubertaire cristallisé dans une figure héraldique et totémique.
Pour ce qui est de la vignette que je viens de vous rapporter j’imagine que certains voudront me targuer d’un travail basé uniquement sur de la suggestion. J’ai, en effet, composé pour Lucas le mythe de Bruit-man à partir des éléments qu’il m’avait fourni. C’est un travail sur la surface, sur la mascarade, sur une couverture gondolée qui ne fait que donner l’illusion que la pochette est pleine… Mais je crois, et à entendre son « Je suis droit comme une image » j’en suis convaincu, qu’avec ces jeunes adolescents il peut être nécessaire, malgré l’éthique psychanalytique, d’en passer par un travail identitaire et moïque, soit du registre de l’imaginaire, pour pouvoir ensuite espérer toucher au vif du sujet. Si, pour reprendre une métaphore freudienne, le processus analytique peut certes être assimilé à l’épluchage d’un oignon, (à l’inverse d’un coaching dont la visée serait le renforcement de la position du Moi), il faut aussi retenir l’importance fondamentale de la construction en analyse pour Freud… Entre d’une part le déshabillage identificatoire, ce « décrottage » en règle dont parlait Lacan, et d’autre part le travail de construction d’un mythe individuel, le psychologue clinicien d’inspiration psychanalytique doit être au clair avec les enjeux, souvent contradictoires, du passage pubertaire, de l’institution spécialisée, et de l’éthique de la psychanalyse.
Ou comment ne pas perdre la trace du sujet lorsque l’institution de soin spécialisée offre au patient la myriade de bénéfices secondaires qu’attise l’égide d’un trait identitaire tout neuf.
Kévin POEZEVARA
Psychologue clinicien
CMP/CATTP enfants et adolescents
Lognes (77)
Bibliographie
BIRRAUX A. Eloge de la phobie. Paris : PUF ; 1993, p.7 « Il n’y a pas d’adolescence sans phobie »
FREUD S. « Construction en analyse », in Résultats, idées, problèmes Tome II 1921_1938, Paris : PUF ; 1998
FREUD S. « Le petit Hans », in Cinq psychanalyses, Paris : PUF ; 2005
FREUD S. « Psychologie des foules et analyse du moi », in Essais de psychanalyse, Paris : PBP ; 2005, p. 230-233
FREUD S. « Totem et Tabou », in Œuvres complètes XI, Paris: PUF ; 1999
KAFKA F. La métamorphose. Paris: Folio ; 1955
LACAN J. « Fonctions et champ de la parole et du langage en psychanalyse », Rapport du Congrès de Rome tenu à l’Instituto Di Psicologica Della Università Di Roma les 26 et 27 septembre 1953, in Ecrits I, Paris : Point ; 1999, p. 279 : « Le symptôme est ici le signifiant d’un signifié refoulé de la conscience du sujet, (…) C’est en déchiffrant cette parole que Freud à retrouvé la langue première des symboles, vivante encore dans la souffrance de l’homme de la civilisation (Das Unbehagen in der Kultur). Hiéroglyphes de l’hystérie, blasons de la phobie, labyrinthes de la Zwangsnevrose… »