Conclusion
Monique-Geneviève GARNIER
Dario a mis en perspective la question fondamentale de l’invention lors de la rencontre. Cette question pourrait être posée en tant que paradigme donnant sens à la pratique clinique. Il y aurait un point de décomplétude à trouver au cas par cas.
Face à cette problématique de départ, le psychologue, dans son parcours initiatique, va se confronter au rapport à l’impensable. Nathalie, à ce propos, nous a fait partager son malaise, à savoir que la compréhension du sujet passe par tout ce qui raisonne en nous et pose la question du maniement du transfert. L’important dans cette épreuve n’est pas seulement l’éprouvé mais la possibilité des remaniements quotidiens que doivent précisément soutenir les différents champs d’exercices institutionnels qui sont les nôtres.
Le triomphe actuel des critères de l’objectivation et les usages abusifs de la mesure font vaciller le psychologue dans les postures qui fondent sa pratique.
Comment dès lors, prévoir et assurer notre à – venir ? Et bien, vous nous l’avez démontré tout au long de ces très beaux témoignages de cet après – midi : en restant des sujets désirant, soucieux de partage et de transmission.
Parmi les problématiques abordées, j’ai noté au passage :
– quelle est la place du savoir théorique par rapport au Réel de la clinique ?
– comment faire émerger chez l’autre, le désir de savoir, le sujet « Barré » ?
– comment faire avec les symptômes contemporains tels que la dépression, la précarité, la toxicomanie ?
– Comment faire avec la mélancolisation du lien social ?
– Quel accueil réserver, quand le corps devient l’objet du discours et le refuge du sujet ?
– Comment créer un lien depuis le vide ? Quelle est la fonction du délire ?
– Comment concilier sa « Lalangue » avec le lien social ?
– Quelle fonction remplit la « Lettre » dans le traitement du Réel ?
– Prendre en compte que c’est le Sujet qui désigne le lieu de la rencontre.
– Comment trouver les signifiants qui représentent le sujet auprès d’autres signifiants ?
Autant de problématiques qui montrent l’existence d’une pratique clinique bien vivante.
Pour terminer, je vous suggère une dernière réflexion. L’inverse de l’amour, contrairement à la représentation que s’en fait le sens commun, n’est pas la haine, mais le pouvoir. On peut interpréter cette maxime en se référant à la figure du Père représentée par une référence à Freud. Lorsqu’il écrit sa « Traumdeutung », il énonce le souhait d’élever le rêve à la dignité de phénomène psychique. Depuis lors, plusieurs générations de psychologues ont travaillé à démontrer que toute « Lalangue » est digne d’être entendue, précisément parce que – ainsi que Lacan nous l’a enseigné – le verbe est inconscient, c’est-à-dire malentendu.
C’est bien précisément ce malentendu qui féconde notre collectif et nous conduit, plus qu’hier, mais encore moins que demain, à rester, envers et contre tous, au service du Sujet.