Date / Heure :
11/03/2009
Toute la journée
Catégories :
Mots-Clefs :
délinquance, sanction
Prix: gratuit
L’histoire de la prise en charge des mineurs délinquants peut être interprétée comme la recherche d’un équilibre entre sanction pénale, clinique et pédagogique. L’ordonnance de 1945 inscrit jusqu’à aujourd’hui l’engagement du législateur dans une vision éducatrice et intégratrice de la jeunesse délinquante même si cette ordonnance a été plusieurs fois amendée. Or, depuis plusieurs années, des exigences nouvelles se manifestent telles que la demande de sécurité formulée par la société,la réparation présentée par les victimes, ces exigences se traduisent aujourd’hui dans une sorte de retour de balancier, par une évolution du traitement de la délinquance des mineurs vers l’enfermement et la sanction, un alignement dans le droit qui vise à réduire la distinctionentre Justice de mineurs et justice des majeurs.
Dans ce contexte, la sanction pénale prime sur la pédagogie, le nombre de jugements prononcés et le nombre des peines ferme se multiplient alors qu’en même temps les placements en internat ne cessent pas de diminuer. Or les principes qui fondent l’existence même de la prison créent et accentuent la violence, la ségrégation et l’exclusion définitive des individus. Se développent alors des sentiments de rejet, maintien dans la dépendance et l’infantilisme, accroissement de l’agressivité, adoption d’attitudes de peur, etc.
Une sémiologie psychiatrique dénombre également l’existence et l’accroissement de troubles du comportement, anxiété, suicides, automutilations. Ainsi donc, la prison à défaut de rendre l’autre fou, ne pourrait-elle pas le rendre finalement plus violent ? À partir de ces constats, la philosophie éducative de l’ordonnance de 1945, stigmatisée dans les discours, est déjà menacée dans les faits. Aux nouvelles dispositions, qui tendent à « durcir » et à repénaliser la justice de mineurs, avec par exemple, la création des EPM, les psychiatres et psychologues auront le souci de nous présenter une clinique du cas par cas qui ne se réduit pas à une seule grille de lecture alors qu’elle a pour origine des causes multiples.
Dans cette perspective, il s’agira par exemple de rendre au mot l’agir dans la temporalité de l’adolescent, point de butée dans le rapport à l’autre et au sexuel. Et c’est justement parce que la réalité et la réalité psychique sont complexes chez le mineur qu’il faut articuler autrement prévention et répression et par la même occasion mettre l’accent sur la responsabilité du sujet devant ses actes. Plutôt que d’adapter les principes répressifs des majeurs aux juridictions des mineurs, n’est-il pas plus logique d’entreprendre une logique d’insertion qui ne brade pas la subjectivité ? Il s’agirait en tout cas d’un défi autrement plus dynamisant à mener que d’appliquer aux mineurs une politique qui n’a jamais fait ses preuves pour la population pénale majeure.
ÉCHANGES CLINIQUES
Interviendront
Dr. Fabrice Pecot, psychiatre, chef de service, UCSA, maison d’arrêt de Villepinte (93) • Marylin Hattenberger, psychologue, maison d’arrêt de Villepinte (93) • Karim EL Mechouri, éducateur PJJ • Marc Martineau, chef de service éducatif auprès destribunaux, Créteil (94)