Association de Psychologues Cliniciens d'Orientation Freudienne

75e soirée d’échanges cliniques , “Je mange”rien” d’angoisse de me faire dévorer”, mardi 13 mai 2025, 20h30 – amphi Morel, GHU-Sainte-Anne, 1, rue Cabanis 75014

Date / Heure :
13/05/2025
20 h 30 min - 22 h 30 min

Catégories :

Mots-Clefs :
angoisse, anorexie, jouissance, objet rien


Prix: gratuit


 

Face à la restriction alimentaire et à l’apparition de l’amaigrissement de l’anorexique la première l’idée qui vient est celle de l’embarras du corps, mortifié dans la néantisation de la chair, livrée au regard de l’Autre qui assiste impuissant à la présence de son refus dans la sphère orale. Qu’en est-il de ce dérèglement ? Une première approche admet les rapports difficiles que le sujet entretien avec son corps, dès premiers signes de la puberté. Or, on ne peut pas se contenter d’expliquer la présence de ce trouble profond par un comportement d’aversion envers l’action de manger, on devrait porter également le curseur sur l’objet de ce refus en référence au plan symbolique. Ce n’est pas un refus mais une négation. L’anorexique en effet, ce n’est pas qu’elle ne mange pas, mais qu’elle mange rien ! Savoure-t-elle le rien ? Face au « maternel » dont le sujet dépend, il s’agit de savourer une absence ; le « rien » existe sur le plan symbolique. Manger « rien » fait valoir l’objet oral non pas comme objet du besoin mais comme un objet signifiant, signe de l’amour de l’Autre. Face à la volonté de l’Autre à gaver à défaut de pouvoir nourrir, le sujet tente de sauver son désir en rappelant que c’est de son amour que l’enfant est assoiffé et non pas de lait et qu’aucune nourriture ne peut venir satisfaire cette faim de reconnaissance de son être. Et si c’est dans ce face-à-face que se joue le ressort de l’anorexie, qu’en est-il de l’opération paternelle qui aurait dû logiquement rendre possible le manque symbolique ? D’autre part, les anorexiques adoptent la stratégie de bavarder sans fin, au sujet de leur anorexie, sur des principes diététiques fondamentaux, les grammes et les calories ou du bon usage des aliments. Le sujet est, de fait, désarrimé du discours et les bonnes résolutions de manger sont généralement invalidées. Devant la puissance de ce refus, les parents mais aussi l’entourage médical par ex, sont mis en position de demandeurs, manifestant leur impatience et angoisse, craignant avec raison la pente vers le dépérissement, le suicide, la mort, nécessitant parfois une hospitalisation. A l’inverse, pour les cliniciens, le défi serait d’engager, une fois toutes les conditions réunies, l’anorexique dans la parole, afin de « restituer son rapport à l’angoisse ». C’est sur ces considérations théoriques, en toile de fond que nous aborderons, comment traiter le refus dans sa brèche angoissante, à soutenir le passage de l’incompréhension du refus à un autre rapport à la souffrance, à la parole, au maniement de l’angoisse que pose avec gravité le suivi thérapeutique de l’anorexique à l’adolescence.

 

Présentation : Dario MORALES, Psychologue clinicien GHU (75), psychanalyste membre ECF (78)

Invitées : Marie SELIN, psychologue clinicienne, psychanalyste membre EPFCL (75) ;

                    Zoé LOGAK, psychologue clinicienne CMME et IHP, GHU, Sainte-Anne, psychanalyste membre du Cercle Freudien (75)