Association de Psychologues Cliniciens d'Orientation Freudienne

10ème journée de l’atelier « Histoire des concepts en clinique » – « La dépression : une passion triste »

Date / Heure :
10/03/2018
Toute la journée

Catégories :

Mots-Clefs :
dépression


Prix: gratuit


9h30  Présentation : Dario MORALES, psychologue, (CHSA), psychanalyste, membre ECF (78)

 9h45 Ouverture : Cinzia CROSALI, psychanalyste, membre ECF, intervenant-coordinatrice de l’Association Intervalles-CAP, responsable de la formation ; « La passion du déprimé »

 10h15 1e séance : « Aspects historiques. Une folie calme qui n’est pas dénuée d’affects »

Présidente de séance : Caroline KHANAFER, psychologue clinicienne au CAARUD (92) ; psychologue en libéral (75)

 Gwénaële BOITARD – CASTELLANI, psychologue clinicienne, Groupe hospitalier du Havre (76), « L’acédie : ancêtre de la dépression, maladie du désir »

Marie-Claude LARDEUX,   psychologue clinicienne, membre de l’ACF-Normandie, « De la clinique de l’angoisse à la clinique de la dépression ». 

 11h30  2e séance « La lente construction de l’objet (perdu) et l’éclipse du sujet »

Président de séance : Ricardo SCHABELMAN, psychiatre, psychanalyste, membre ECF

Claire JOSSO – Faurite, psychologue clinicienne (CHSA), psychanalyste, (75), « Dépressions adolescentes au féminin : clinique différentielle »

Dario MORALES, psychologue, (CHSA), psychanalyste, membre ECF (78), « Le refus anorexique et la dépression à l’adolescence, tentatives de séparation de l’Autre sans symptomatiser la puberté »

14h30  3e séance « Un point de lâcheté : le rejet de l’inconscient »

Présidente de séance : Thérèse TCHILIAN, psychologue clinicienne, Accueil parents enfants La Luciole, Alfortville (94), psychanalyste (94)

Caroline CARRON,  Docteur psychanalyse,  psychanalyste (77) et (75), « Tuée dans l’œuf »

Charline OBRY MANCINI, psychologue clinicienne CMP enfant adolescent, Mée sur Seine (77), « La  dépression dans la clinique de l’enfance »

16h30  4e séance  « La plainte du sujet. Etat des lieux contemporains sur la « causalité »  dépressive : Les molécules, le corps et la parole »

Présidente de séance : Valentine FEUGAS, psychologue clinicienne (94)

Bernard JOTHY, psychiatre, psychanalyste membre ECF (75), « Le présent d’une illusion »

Apolline CARNE, psychomotricienne, association APAJH, « Rencontre avec Nathalie : la parole du corps entre dépression et traumatisme »

 

18h00 : Conclusion :

 

Première table ronde : Aspects historiques : Une folie calme qui n’est pas dénuée d’affects 

Si la mélancolie a une longue histoire, la notion de « dépression » est récente. Des descriptions ne manquent pas à l’époque classique. Le taedium, l’acedia (le désintérêt) qui sont un péché, désignent le dégoût et l’anxiété du cœur, la torpeur, le dégoût de soi… Parallèlement, il faut songer à faire une incursion, –  loin des signifiants refoulés, –  autour des affects, car seuls les affects ne tombent pas sous l’effet du refoulement : d’où l’angoisse, et la difficulté à accrocher les mots, permettant une meilleure approche des affects dits dépressifs

Deuxième table ronde : La lente construction de l’objet (perdu) et l’éclipse du sujet

Dans la dépression l’objet est désinvestit : vrai leurre ; la problématique du deuil, illustre au contraire son omniprésence ; inversement, à la place du conflit psychique le sujet se laisse aller et ce qui survient est le sentiment de vide, de néant…la clinique du vécu dépressif à l’adolescence éclairera ce mouvement. Il s’agit plutôt de repérer la division du sujet en tant qu’il serait en théorie capable de répondre de ce qui lui arrive. Il s’agirait alors de produire une désidentification là où les objets semblent omniprésents, occultant le sujet. 

Troisième table ronde : Un point de lâcheté : le rejet de l’inconscient 

Pour que la dépression puisse être traitée par la psychanalyse, il faut insuffler au terme de « dépression » une transformation, par la simple raison que la place du sujet est généralement évacuée au profit de la phénoménologie de la baisse, de la diminution ou plus sommairement ce qu’il subit, etc. il faut donc lui attribuer une cause qui soit traitable par la parole.  Donc, la dépression doit certainement être attribuée à un défaut, mieux dit, à un recul devant quelque chose que le sujet aurait dû accomplir et non pas simplement comme l’effet de ce qu’il est train de subir. Il faut donc chercher chez le sujet son « point de lâcheté », la clinique de Lacan invite au déchiffrage du désir du sujet en analyse et pousse à obtenir de celui-ci qu’il ne cède pas sur son désir.

Quatrième table ronde : La plainte du sujet. Etat des lieux contemporains sur la « causalité »  dépressive : Les molécules, le corps et la parole.

C’est la perte de l’estime de soi qui se manifeste dans la dépression ». Roland Kuhn, psychiatre suisse, découvre dans les années (1940) le rôle de l’imipramine, censé étudier les effets neuroleptiques d’une molécule proche du Largactil, il constate qu’elle n’a aucun effet mais par contre elle a un effet antidépresseur. Et parallèlement, Nathan Kline découvre le rôle antidépressif des IMAO, inhibiteur de la monoamine-oxydase. Là où les symptômes dépressifs se manifestent, la molécule agit toujours. Kline s’impose. Mais une fois encore, une fois « réglée » la question du traitement, il reste à trouver la place d’un sujet pour mieux cerner la pathologie. Le problème est le  suivant, pensée comme une entité, détachée de tout contexte psychique, l’efficacité thérapeutique va de pair avec le déclin des descriptions cliniques, particulièrement, la névrose. Le conflit psychique est abandonné par les tenants du tout biologique mais aussi par des psychiatres d’orientation psychanalytique ! qu’en est-il alors du corps et de la parole ?